Désagréable, nauséabonde, fétide, irritante, écœurante, répugnante, putride, rebutante … les adjectifs ne manquent pas pour décrire les odeurs déplaisantes. Pourtant quelle que soit la senteur, on s’y habitue après quelques minutes, au moins jusqu’à un certain point ! Si l’on parvient à accepter les effluves de poubelles ou les gaz d’échappement au quotidien, supporter les odeurs d’égout semble parfois relever de la mission impossible.
L’accoutumance, une limite personnelle
Avant le XIXe siècle, les rues des villes étaient sales, jonchées de déchets alimentaires, d’excréments d’animaux, d’urine humaine… pourtant personne ne s’en plaignait. Le nez des habitants y était habitué. C’est un phénomène qu’on appelle accoutumance.
Notre nez sature généralement à partir de 5 dégustations d’odeurs, ou 1 minute d’exposition. Au-delà, les récepteurs olfactifs surstimulés n’envoient plus de messages au cerveau. Cela explique notamment pourquoi il est difficile de sentir sa propre odeur corporelle qui nous suit H24.
Cependant, tout le monde n’est pas égal face aux odeurs. Certains ont un flair hors pair, d’autres ont l’odorat d’un canard ! Selon l’état d’attention d’une personne – attentif, distrait, sommeillant ou dormant – le seuil de perception d’une odeur peut varier d’un facteur de 1 à 100, pour une même substance. Il peut être également influencé par des composantes physiologiques, comme les habitudes de vie et notamment le tabagisme, ou encore cognitive, comme la mémoire. Sexe, statut social et état de santé font souvent varier la réponse à l’odeur.
Trop c’est trop : un seuil de nuisance et d’irritation pour chaque odeur
Plus une molécule odorante est présente en quantité, plus elle va avoir d’effet sur le nez. Logique ! Ainsi, même si on détecte une odeur à faible concentration, on ne peut souvent pas la reconnaître avant qu’elle ne soit plus concentrée. De même, le seuil de nuisance olfactive est en moyenne 5 fois supérieur à son seuil de détection. Au-delà, on parle même d’odeur irritante. (Shustermann, 1992; Gingras et al., 2005)
Toutes les odeurs sont gênantes au-delà d’un certain seuil, même le parfum. Mais certaines le sont plus que d’autres. Ainsi, le sulfure d’hydrogène dégage une odeur caractéristique d’œufs pourris et de déchets, même à de faibles concentrations. Il en faut donc peu pour que l’odeur devienne prenante et répulsive.
Une odeur prononcée ou nauséabonde devient un « polluant » de l’environnement, qui peut causer un stress et déclencher des réactions : physiques, psychologiques, sociales et/ou comportementales.
Quand des problèmes de santé apparaissent
Maux de tête, nausées, irritation, vertiges, toux, souffle court, palpitation… Les victimes de puanteur souffrent de symptômes réels. Pour échapper à une odeur atroce, on respire parfois moins profondément, mais plus vite, ce qui peut amener une hyperventilation, faire augmenter le rythme cardiaque ou même donner une sensation d’oppression thoracique.
L’exposition aux odeurs nauséabondes apporte également son lot de problématiques psychologique comme l’anxiété, la fatigue, les sautes d’humeur, l’état dépressif, la perte d’appétit, l’altération des performances intellectuelles. Les odeurs à caractère « offensif » peuvent aller jusqu’à altérer le comportement, surtout si elles persistent ou reviennent souvent.
Ainsi, même s’il n’est pas clairement démontré que les odeurs ont des effets toxiques sur la santé, elles peuvent constituer une nuisance importante. Selon l’OMS, une mauvaise odeur qui persiste peut amener une dégradation significative de la qualité de vie et générer un état d’aversion ou de détresse tel qu’il peut dégrader l’état de santé. Il faut donc s’en protéger au même titre que des bruits trop forts par exemple.
En savoir plus :
https://www.lapresse.ca/actualites/sciences/2021-11-28/l-impact-des-odeurs-sur-la-sante.php
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0031938416307272?via%3Dihub